Alors que Justin Bieber sort soudainement de nulle part sans que personne ne lui ait rien demandé, The Strange Death Of Liberal England tentent depuis 2006 de se faire un nom dans le paysage musical.
Sans nouvelles d'eux depuis la sortie du single Angelou il y a deux ans, The Strange Death Of Liberal England reviennent donc enfin avec un véritable premier disque, qui fait suite à leur mini-album paru en 2007. « Forward March était une étape nécessaire de notre développement », nous confiait récemment Adam Woolway en interview. « Il contenait seulement huit titres enregistrés sans véritable préparation. Je le vois plus comme un EP qu'un véritable album ».
Même s'il avait pourtant la carrure d'une discographie complète de nombre de groupes, Forward March était un condensé de pépites pop, conviant au défilé une intensité électrique, du post-rock croisé avec de la folk et des chœurs ravageurs. Drown Your Heart Again, plus cohérent et réfléchi, mais sans pour autant perdre de son impact, se démarque davantage des multiples inspirations qui ont construit Forward March, et nous met face à un monde aquatique scellé, duquel n'en sortent que quelques notes à chaque percée avant, finalement, d'ouvrir la mer en deux et nous embarquer dans un univers baroque impressionnant.
A la fois excité de découvrir les nouveaux coups d'éclat de la formation et déçu, aux premières écoutes, de ne pas retrouver le son si familier et révélateur de Forward March, la découverte de Drown Your Heart Again après trois longues années d'attente est une étape importante pour quiconque s'est pris d'affection pour le quintette hors-norme de Portsmouth. Ainsi, on se noie d'abord sous le synthé dégoulinant de Curtain Falling pour, après plusieurs longueurs, ré-apprendre à nager. On contourne de très près le rock de stade sur le refrain de Rising Sea grâce au chant magique d'Adam Woolway. On se surprend à télécharger Treme après avoir entendu le déferlement de trompettes sur Flagships. Et on se dit que Glee devrait apprendre du duo de fin Yellow Flowers/Dog Barking At The Moon et leur descente de chœurs illuminée.
« Popisé » mais a priori inaccessible, intense mais éclatant, l'album est un mélange de contrastes déconcertant que l'on s'approprie progressivement : il est rempli de refrains qu'on aimerait chanter à tue-tête mais que seul Adam Woolway peut interpréter de sa voix désespérée mais rayonnante ; il est composé de titres qu'on a envie de crier sur les toits sous peine de faire fuir ses voisins sexagénaires et aboyer les chiens à la lune ; il est un album qu'on a besoin de partager avec tout le monde, de son frère fan de post-rock depuis quinze ans à la caissière de la supérette du coin qui n'a encore aucune idée de ce qu'est vraiment la musique. Il est une grande œuvre de 2010.
Alors que ces cinq anglais devraient depuis longtemps être partis en tournée avec Arcade Fire et Godspeed You! Black Emperor (et être entourés de femmes - et hommes – dénudés), Adam Woolway, Andy Wright, Andy Summerly, Will Charlton et la délicieuse Kelly Jones se voient contraints de trouver des petits jobs en parallèle du groupe. « Faire partie de The Strange Death Of Liberal England ne nous a jamais permis de gagner suffisamment d'argent », explique le chanteur. « C'est pour cela que nous devons mener une double vie... et en conséquence la progression du groupe n'est pas aussi rapide que nous le voudrions ». Si Justin Bieber pouvait reverser l’argent qu'il va amasser grâce à son futur duo avec Britney Spears à The Strange Death Of Liberal England, nous n’aurions sans doute pas à attendre trois ans de plus.
Monde de merde!
Tracklist
1 Flickering Light
2 Flagships
3 Rising Sea
4 Curtain Falling
5 Lighthouse
6 Autumn
7 Shadows
8 Come On You Young Philosophers
9 Yellow Flowers
10 Dog Barking At The Moon
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